Octobre Rose est le mois dédié à la sensibilisation contre le cancer du sein. Chaque année, cette maladie emporte encore 12 000 femmes, tandis que 61 000 nouvelles patientes en reçoivent le diagnostic. Cependant, l’intelligence artificielle est en train de transformer certaines approches de prise en charge.
À l’Institut Curie, comme dans de nombreux centres spécialisés, l’imagerie joue un rôle central. Qu’il s’agisse de mammographies ou d’IRM avancées, ces images sont essentielles pour les oncologues afin d’adapter leurs traitements. Dans un reportage de Tara Schlegel, il est expliqué comment l’IA est devenue un outil précieux pour les équipes médicales. La Docteure Caroline Malhaire, radiologue et chercheuse, précise que l’IA analyse déjà les images des examens réalisés sur les patientes, avec une précision qui peut parfois dépasser celle de l’œil humain.
Par exemple, une patiente s’était présentée pour un cancer du sein droit, mais l’intelligence artificielle a détecté une petite tumeur sur son sein gauche. « Dans ce cas précis, non seulement la machine a repéré cette anomalie suspecte », explique le Dr Malhaire, « mais elle a également pu nous indiquer son emplacement exact, sur l’image numéro 10 de la série. » Cette assistance au diagnostic permet aux médecins de gagner un temps précieux et de réduire le risque de passer à côté de certaines lésions malignes.
Les avancées de l’intelligence artificielle ne s’arrêtent pas là. Comme l’explique la Professeure Irène Buvat, directrice de recherche au CNRS et responsable du laboratoire d’Imagerie Translationnelle en Oncologie à l’Institut Curie/Inserm, les logiciels d’IA accomplissent désormais de véritables prouesses. « Nous savions déjà que l’IA excelle à détecter automatiquement les anomalies sur les images et à trier les clichés normaux des pathologiques », souligne la Professeure Buvat. Aujourd’hui, nous savons qu’elle peut aller encore plus loin : « L’IA est particulièrement précieuse car elle peut manipuler et analyser un immense volume de données simultanément. Contrairement à notre cerveau, qui ne peut gérer que 4 à 7 variables à la fois, l’IA est capable de traiter des milliers d’informations qu’elle a emmagasinées. »
Les chercheurs, en collaboration avec les fabricants, ont ainsi appris à l’IA à anticiper l’évolution d’une patiente : son taux de survie, les complications éventuelles, etc. Cela est crucial pour les femmes atteintes de cancers du sein dits « triple négatif », un type de cancer particulièrement agressif avec un taux de survie à 5 ans inférieur à 11 %, alors que d’autres cancers du sein affichent des taux supérieurs à 80 %.
Des essais cliniques sont déjà en cours pour valider ces prédictions, et il est probable que demain, l’IA pourra déterminer avant les médecins et la patiente elle-même quelle sera sa réponse au traitement. Ces algorithmes deviendront alors indispensables non seulement pour le diagnostic, mais aussi pour des soins toujours plus personnalisés.